Nous décrivons les filtres logiques par lesquels les interprétations d'un même ensemble d'informations peuvent différer et produire des perceptions et des croyances divergentes, voire antagonistes. C'est donc un outil qui permet de mieux comprendre nos propres perceptions et celles des autres ; c'est pourquoi nous voulons qu'il soit accessible au plus grand nombre.
Le contenu est publié progressivement et simultanément sous deux formes :
- À l'écrit dans nos dossiers en ligne savamment illustrés.
- En audio dans un podcast sur le site lafolletheorie.com
II - l'univers de la perception
A - La subjectivité des perceptions
1. Quelques définitions de base relatives à la perception
a. Phénomène
Un phénomène est un ensemble spatial (chose) et/ou temporel (fait, événement), concret (objet physique) ou abstrait (possession, probabilité, fonction), réel ou imaginaire, manifeste ou figuré, physique (stimulus) ou psychique (sentiment, émotion, pensée, sens), dont la cohérence le rend perceptible, discernable, définissable ou conceptualisable. On peut donc dire que tout est phénomène, dès lors qu'il s'agit d'un ensemble reconnu comme tel.
b. Perception
Dans la plupart des domaines de connaissance et dans les sciences cognitives notamment, la définition de la perception ne concerne que les phénomènes de la réalité physique captés par les sens. C'est une approche dont le référentiel est physique.
Notre approche est sémantique : nous étudions le sens des phénomènes perçus. Or, les phénomènes imaginaires peuvent avoir du sens et d'ailleurs c'est dans l'expérience psychique que se produit le sens qui est attribué et superposé aux phénomènes physiques. C'est pourquoi notre référentiel est l'expérience psychique.
Définition discernologique :
Une perception est une expérience psychique.
Une expérience psychique peut être le produit d'une activité mentale pure (l'imagination, la mémoire), ou bien elle peut être consécutive à la captation d'informations provenant de l'environnement physique, via la stimulation des sens ; dans ce cas le percevant interprète les informations sensorielles pour produire une représentation psychique de son environnement.
Lorsqu'on éprouve de la joie, on fait l'expérience de cette émotion et on la perçoit directement, sans en faire une représentation ; alors en tant que percevant on fait un avec l'émotion, on "est joyeux".
Lorsqu'on pense à la joie (par exemple, comme maintenant en lisant le mot joie) on peut faire l'expérience de l'idée de la joie, de son sens, de sa représentation ; alors en tant que percevant on fait un avec le sens (on peut penser à une émotion et en percevoir le sens sans la ressentir, on peut penser à la joie sans "être joyeux").
c. Percevant, mémoire, esprit
Dans le cadre de la discernologie, une perception est une expérience psychique. Par conséquent, un percevant (c'est-à-dire ce qui perçoit) est défini par un continuum d'expérience perceptive dans le temps. Le caractère singulier d'un percevant est lié à sa continuité.
L'empreinte de l'expérience perceptive passée dans une mémoire connectée à l'expérience perceptive présente peut permettre au percevant de percevoir sa propre continuité.
Sans mémoire, le percevant se confond avec l'expérience perceptive de l'instant présent. Avec mémoire, la perception devient objet et simultanément le percevant devient sujet, il devient une entité qui fait l'expérience psychique : l'esprit.
d. Référentiel
Un référentiel est un ensemble d'éléments invariants qui permet d'évaluer des phénomènes relativement aux données fixes du référentiel défini.
e. Réel ≠ Concret
Est réel ce qui existe, reconnu comme une certitude. Toute expérience perceptive est une réalité en soi. Lorsqu'on prend le monde psychique comme référentiel, la seule réalité objective c'est l'expérience perceptive présente. La discernologie ne définit pas la réalité comme un ensemble indépendant de la perception : La réalité globale est l'ensemble des perceptions, qu'elles soient concrètes ou abstraites.
En terme de perception, est concret ce qui se manifeste à l'échelle de la matière. L'évaluation de la qualité concrète d'un phénomène se fait donc depuis un point de vue matériel. Le concret est différent du réel, dans la mesure où toute expérience perceptive est une réalité en soi. Une perception abstraite (non matérielle) peut donc être une réalité plus effective que la perception d'un phénomène concret (matériel).
f. Attention
L'attention, c'est la capacité de concentrer volontairement l'esprit (ou l'activité psychique) sur un ensemble déterminé ; C'est aussi cette concentration elle-même.